NIHILISME

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Nihilisme. Nihil en latin : rien.

La création du monde s’est faite ex nihilo, à partir de rien. Dieu aurait été l’instance créatrice originaire suprême. Mais que Dieu n’y soit plus, cela voudrait-il dire qu’il n’y a pas eu de création alors ? Que le monde n’existe pas ? Mais oui le monde existe. La preuve : je suis là.

Mais pourtant je ne suis pas le monde. Le monde c’est très grand. Et on dit même qu’il y a une pluralité d’univers. On ne peut pas les connaître tous.

On ne sait pas quand ça a commencé.

À partir d’une goutte d’eau ? Certaines théories énoncent que l’embryon de la vie humaine a commencé par une goutte d’eau. Et je ne suis qu’une goutte d’eau dans la vaste mer du monde. Les gens vont et viennent. Ils arrivent de partout. Ils vont partout. Dans le métro, c’est chaque jour de l’année que les trains sont encombrés par des valises. Les rushes, c’est aussi tout le temps. Les horaires du travail, c’est n’importe quelle heure, du jour ou de la nuit. Il n’y a plus de saisons, plus de rythmes nulle part.

Les soldes des vêtements sont de fausses soldes. Elles ont lieu souvent, sans suivre les saisons. On s’habille comme tout le monde durant quelques semaines et après, on change. On croit faire des affaires. On ne fait qu’acheter.

Mais le monde, quand a-t-il commencé ? Même dans les cultures asiatiques, où il n’y a pas un dieu créateur unique, où la vie est le fruit de transformations constantes, où il y a toujours eu quelque chose… il existe tout de même des divinités créatrices originelles. Cela fait partie des légendes qui comptent. L’origine, on ne peut pas s’en débarrasser comme ça.

Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? On dit que la nature a horreur du vide. Mais c’est quoi la nature ? C’est vous et moi. On a horreur du vide. Le vide d’où l’on vient et où on repartira.

Avec le christianisme, est venu le temps linéaire. La flèche du temps a rempli le rien. Passé, présent, futur. C’est sur cette ligne que tout s’organise, se planifie, se conçoit. La vie individuelle et la vie des peuples et des nations. C’était basé sur la vie d’un homme. Le temps cosmique circulaire, où tout recommence sans cesse et où rien ne meurt, est devenu humain. Mais l’homme naît, vit et meurt. Sa mort fait partie de la flèche du temps. Et maintenant Jésus est mort une deuxième fois. Sa première mort l’a fait naître en tant qu’entité divine. Sa deuxième mort l’abroge définitivement. Jésus est effacé. Il fallait s’y attendre. C’était programmé dans la nature de sa croyance. Son côté humain l’a tué.

Plus personne ou presque n’y croit. Mais si lui, qui était si puissant, est mort, c’est que celui qui n’y croit plus sera effacé complètement du livre de la vie. Quand il sera mort, de sa vie, il ne restera rien. On a envie de dire : bien fait pour lui.

Plus rien ne s’origine dans plus rien. Dieu est mort. Et malgré tous nos instruments et nos savants, on ne peut pas dire avec certitude quand et comment la vie a commencé. On peut faire des enfants de manière totalement artificielle. Génétiquement, on est très forts. Alors, comme d’un côté, du côté de la réalité, on ne sait rien ou pas grand chose, mais que, de l’autre côté, du côté de la technicité et des manipulations génétiques, on peut faire beaucoup, pourquoi ne pas dire que le point originaire de la vie, c’est l’humain ? Rien que le sujet humain.

Cela va bien avec l’individualisme forcené qui est de mise.

Le sujet se pense non seulement comme sa propre origine mais comme étant l’origine de tout. Dieu est mort. Dieu renaît en l’humain.

L’humain, ou plutôt juste ce qu’il en reste. Il croit qu’il s’est créé à partir de rien.

Lui seul et unique. Car il a beau se proclamer athée, la logique sévit en lui de manière implacable. L’origine ne peut être qu’une, unique. Cela ne peut être que lui. Un seul monde, un seul peuple. Plus de cultures, plus rien.

Plus de justice, plus de lois, plus de règles, rien que des droits. Les droits de l’homme.

Mais c’est qui, cet homme ? Je ne le connais pas. On ne peut pas le connaître, par définition. Puisqu’il vient de nulle part et qu’il va nulle part. Il erre. Son statut, c’est sa nature. C’est : migrant. Cela ne peut être que lui, le nouveau Dieu.

C’est logique.

Cet homme inconnu ne peut être qu’errant, migrant d’un point à l’autre. Sa nature même est de ne pas avoir de visage propre, d’être de nulle part. Il est Dieu avant d’être homme. Parce que c’est ça, que ça implique, les droits de l’homme. Qu’il n’y ait de caution légitime que pour le statut de Dieu. Et Dieu n’a pas une culture propre. Vous en conviendrez. Il est partout et nulle part. Dieu est migrant. Et les cultures sont anéanties avec son assomption. Amen.

Quand les cultures sont effacées, quand tout se vaut, il reste quoi pour exister ? Car, ne l’oublions pas, exister c’est avoir pris forme et la forme s’établit par ses délimitations. Exister, c’est être limité, c’est sortir et se distinguer du grand indifférencié, autrement dit : la mort, le néant. L’idéal dans ce monde avec cette nouvelle divinité, c’est que les cultures n’existent plus. Il faut les tuer.

Il faut un grand brassage.

Mais justement, comme les cultures sont déjà en voie d’effacement, et que l’être se rend compte au fond de lui qu’il n’est rien, puisque ne prévalent que les droits de homme et que ceux-ci détruisent à la base l’être intime, il ne demeure qu’une seule chose : la race, le sang.

Ainsi est remise en avant cette vieille monstruosité du nazisme : la race. Mais ce n’est pas sa pureté qui est voulue, c’est son anéantissement. Il faut donc un infini brassage. Mêlez-vous les uns aux autres. La violence ultime reconnaîtra les siens.

Comme les nazis tenaient les Juifs pour responsables de toute la misère du monde, en l’occurence plus précisément de la misère des Allemands, les nihilistes du XXIème siècle tiennent les autochtones européens pout responsables de toute la misère du monde, en l’occurence des migrants, des occupants.

Ils savent bien au fond d’eux-mêmes, ces nihilistes, que leur programme est fasciste. Alors, ils créent un pare-feu magnifique. Pour cacher qu’ils sont fascistes, ils accusent les autres de l’être. Ils jettent l’anathème sur tout ce qui n’est pas eux. Vouloir exister, à leurs yeux, c’est être fasciste.

Profondément racistes, ces nihilistes ont besoin de mettre en avant la race pour pouvoir se sentir exister. Car sinon, comme ils ont tout détruit de leur être intime, ils s’apercevraient qu’au fond d’eux ils sont morts et mourraient complètement.

Les nihilistes ont toujours présenté leur idéologie comme quelque chose de salvateur, de bienfaisant. C’est ce que font les nihilistes aujourd’hui. Ils font la morale et traitent de fascistes ceux qui veulent vivre et ne pas être comme eux des demi-morts. Ils ne font plus la différence entre le réel et la fiction. Ils veulent briser ceux qui peignent des enfants en les traitant de pédophiles alors qu’ils laissent impunis les vrais pédophiles. Ils veulent la disparition de ceux qui veulent faire de l’art, peindre et écrire vraiment.

Nihilistes, je vous hais. Parce que ne plus faire la différence entre l’art et le réel, c’est vouloir à la fois tuer l’art et le réel. Et cela, c’est impardonnable. C’est une attaque monstrueuse faite à la vie.