Décembre 1992
A 10 ans, Blandine est initiée par son père à tous les plaisirs interdits. Le grand frère y va de sa petite contribution, de même qu’un bon docteur, éminent spécialiste des mouvements vitaux élémentaires. Douze mois plus tard, la fillette ne possède plus une once de naïveté, mais son innocence demeure grande. En même temps, cette enfant déjà revenue de tout accède au trouble métaphysique: “Qu’est-ce que la caresse si ce n’est la recherche éperdue d’un contact intégral jamais atteint? Qu’est-ce qui fait la caresse hormis ce fond même d’inexistence?”
Quiconque lirait ce récit au premier degré ne manquerait pas d’être quelque peu estomaqué par la précision, la cruauté, le caractère hautement amoral des situations. Un roman dans la droite ligne de Sade, avec des concessions très affirmées aux goûts du jour, à ce qu’il est courant d’appeler des déviances pernicieuses. Fidèle à elle-même, c’est-à-dire à l’étalage des vertus du vice qui était déjà le poinçon de son premier livre, l’auteur va plus loin – plus profond, diraient ses personnages- dans le raffinement de la provocation.
M.B.