Entretien avec Etienne Ruhaud dans ActuaLitté
ActuaLitté : Tu es d’abord critique d’art et essayiste. Tu as ainsi écrit sur le néo-féminisme, ou encore sur Letizia Battaglia, figure de la lutte anti-mafia. Mais tu es aussi romancière. Y a-t-il un lien entre ces deux aspects de ton œuvre ?
Frederika Abbate : C’est l’inverse si on peut dire. Je suis en premier lieu romancière. J’ai publié plus de romans que d’essais. Et ma source vive est le romanesque. C’est la faculté d’imaginer d’autres mondes qui me permet de mieux saisir le mien. C’est par le romanesque que se développent mes facultés d’observation, d’analyse, de pensée.
Ce qui lie l’écriture des essais et l’écriture des romans, c’est le rapport au monde, les personnalités, ce qu’elles sont, leurs actions. Mais c’est beaucoup plus difficile d’écrire un roman qu’un essai. Un essai, il y a une base, des éléments concrets, la réalité tangible. Pour un roman, il faut tout construire. Et puis, l’analyse et l’observation ne suffisent pas pour écrire un roman. Il faut transposer, sublimer.