La Vie primordiale
roman – parution novembre 2025
Lavinia et Tristan partagent depuis leur plus jeune âge une intimité hors du commun.
À l’adolescence, l’intensité affective se transforme en désir physique. Conscients de la puissance et du danger de ce lien, ils décident de se séparer. Pendant des années, ils ne se voient ni ne se parlent, mais continuent de se lire mutuellement, poursuivant un dialogue silencieux à travers leurs livres respectifs.
La narration se déploie entre mémoire et présent, entre paysages urbains et naturels, jusqu’à un mystérieux établissement thermal, perché sur une falaise, où se scellera leur destin.
L’ouvrage est traversé par une méditation sur le désir, sur l’amour et sur leur force dissolvante.
« La passion véritable, même si elle n’est pas incestueuse, est fatalement transgressive.
Car même si elle ne l’est pas, elle le devient, puisqu’elle dissout les limites corporelles du vivant. »
Avec une langue sensuelle et rigoureuse, La Vie Primordiale met en scène une transgression sacrée, où l’amour est vécu comme révélation et retour à l’origine, dans la lignée de Georges Bataille et de Marguerite Duras.
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Extrait 1 :
Quand Lavinia De Angelis était toute petite, elle pensait qu’elle avait été créée par des êtres supérieurs et invisibles. Ils lui avaient insufflé la vie et veillaient sur elle à distance en la nimbant d’un amour protecteur sans faille. Elle était persuadée que sa vie avait été causée par le désir et la volonté d’un roi et d’une reine d’un pays extrêmement puissant, si lointain qu’on ne pouvait en repérer l’existence. C’étaient eux ses vrais parents. Ses simples géniteurs qui existaient sur terre étaient indispensables à sa survie concrète mais ne pouvaient être que secondaires par rapport aux entités supérieures qui l’avaient dotée de cette chose essentielle, la vie…
Elle avait trois ans à la naissance de son frère, Tristan. Les parents se mirent à s’occuper beaucoup de lui. Pendant quelque temps, on aurait dit que le nourrisson était le centre du foyer. Cependant Lavinia continuait de bénéficier de l’attention que les entités supérieures portaient sur elle. Leurs forces étaient suffisamment puissantes pour pourvoir à ses besoins d’amour. C’est pourquoi, même si son père et sa mère terrestres s’occupaient beaucoup du nouveau-né, Lavinia ne ressentait pas de jalousie à son égard.
Délivrée de la jalousie, elle accueillit son petit frère avec plaisir. La petitesse du bébé, la douceur de sa peau, sa vie mystérieuse, lui procuraient une source de joie et d’émerveillement. Ses formes rondes et moelleuses, la délicatesse des doigts des mains et des orteils, son regard attentif et tendre, et tout ce mystère dont son absence de paroles l’enrobait, l’enchantaient et l’attiraient. Elle ne parlait pas depuis longtemps et ne maîtrisait la langue qu’imparfaitement encore. Son esprit continuait de se référer presque entièrement au langage enfantin, en dehors des mots. La petite fille et le bébé dialoguaient par leurs regards, leurs gestes, leurs simples présences. Ils rêvaient, parlaient et s’amusaient beaucoup ensemble… Ils grandirent à l’unisson. Leur esprit se constitua et prit forme dans le bain d’une communication directe, fluide.
Extait 2 :
Comment expliquer la relation entre Tristan et elle ? Il faudrait pouvoir dire…
Le regard généreux et lucide qu’il portait sur sa vie, sur elle. Ses conseils toujours justes, ses encouragements.
Son éclairage neuf sur ses entreprises à elle et ses pensées, lui permettant d’y voir plus clair.
Et elle en faisait de même avec lui.
Comment deux esprits peuvent entrer en accord l’un avec l’autre, accord dans le sens musical du terme. Chacun étant tour à tour, soit le rythme soit la mélodie… Comment il rebondit sur ce qu’elle vient de dire. Comment elle enchaîne sur la phrase qu’il a prononcée.
Cette ténacité pour accomplir ce pourquoi ils ont été mis au monde. Depuis toujours, leurs rêves personnels s’imbriquent ensemble, dans l’incessant combat mené joyeusement, ensemble, guidés et nourris par la volonté d’être résistant à toute épreuve. Ne jamais abdiquer dans la tension permanente pour transformer leurs rêves en réalités. Et ceci continue de se produire même s’ils ne se voient plus.
Mais même si elle parvenait à formuler tout cela, cela n’expliquerait pas la trame secrète de l’amour. À quoi tenait-il dans le fond ? Et ce besoin qu’elle avait de Tristan, pourquoi ?