La chronique d’Aymeric Patricot sur La femme est une île
S’il est vrai qu’il existe trois féminismes aujourd’hui – l’intersectionnel (Froidevaux-Metterie), l’universel (Badinter) et l’identitaire (Némésis) – le bel essai de Frederika Abbate (“La femme est une île”, Éditions de la Reine rouge” 2024) navigue quelque part entre les deux derniers, non sans quelques touches marxistes. Il reprend l’interrogation que posait déjà Emmanuel Todd : pourquoi donc le féminisme médiatique se radicalise-t-il alors que la condition des femmes connaît des avancées significatives ? Selon l’autrice, il s’agirait d’une ruse du capitalisme pour abattre le peu qu’il reste à l’individu pour résister aux assauts de la fluidité marchande – la famille , le genre… Amusant, quand on sait que le néo-féminisme aime se présenter comme anticapitaliste ! Quoi qu’il en soit, j’ai aimé ce texte stimulant, truffé de références, et très éclairant par l’opposition qu’il propose par exemple entre Simone de Beauvoir niant toute féminité substantielle et Lou Andréas-Salomé célébrant celle-ci – je me suis d’ailleurs empressé d’acheter les livres de cette dernière.