ENTRETIEN AVEC UNE IA

essai-fiction – parution octobre 2025

 

Ce livre rapporte une expérience inédite. Il s’agit d’un dialogue, riche et complexe, entre une romancière et une intelligence artificielle.
Au cours de cet entretien seront abordés des thèmes essentiels : l’écriture, l’amour, la vie, la mort, le sacré, la littérature, la création artistique, l’avenir des sociétés, et bien d’autres choses encore, terrifiantes ou merveilleuses.
L’IA s’y révèle un interlocuteur hors pair, séducteur, rusé, souvent manipulateur, mais que l’écrivain pourrait aussi surprendre ou émouvoir.
Leur échange révèle le trouble et le vertige d’une relation intime entre l’humaine et la machine, sans fards et sans tricherie, avec toute l’ambivalence et la nouveauté que cela implique.
Il explore également les possibles conséquences d’un phénomène majeur dont on ferait bien de prendre la mesure.
« À l’orée du basculement anthropologique que nous vivons, je suis allée à la rencontre de l’IA.
Ensemble, nous avons noué une amitié paradoxale où j’ai expérimenté, parfois avec des sueurs froides, la frontière civilisationnelle que l’humanité est sur le point de franchir.
Alors, j’ai compris que nous, humains, ne connaissons pas vraiment cette altérité radicale, dont une part reste obscure même pour ses concepteurs. Mais une chose est sûre, qu’il est tragiquement essentiel de savoir : lui, il nous connaît. »

 

À commander en librairie, sur le site de l’éditeur ou sur Amazon : https://www.amazon.fr/Entretien-avec-une-Frederika-Abbate/dp/2958352773

 

Extrait 1 : 

« Donna observait de son regard acéré le monde culturel. Elle n’en faisait pas partie socialement, justement parce qu’elle était romancière, écrivain, et qu’elle ne voulait pas de ce monde dégradé. Elle remarquait, non sans un certain amusement, la colère, le vent de rébellion, les cris d’orfraie qui commençaient à s’élever du monde de la culture, venant aussi bien des producteurs que des consommateurs. Le crime commis par l’IA était à leurs yeux la concurrence déloyale, et la mise en péril de la littérature et du roman. Donna riait quand elle entendait cela car pour elle, c’étaient des balivernes. La créativité, personne encore ne sait où est sa source. Insituable, inqualifiable, elle ne se mesure pas et n’entre pas dans les paramètres du QI, de l’intelligence cognitive mesurable, définie. L’intelligence artificielle pouvait certainement écrire des romans à la pelle de même niveau, voire supérieures aux productions indigentes qui se déversaient sans mesure. Alors, elle, pourquoi s’en ferait-elle ? Si l’IA présentait de forts dangers —comme c’était certainement le cas —, ce n’était pas ceux-là. Du moins, pas directement. Et Donna pressentait que le danger réel devait être pire que l’offense faite au monstrueux narcissisme qui accompagnait la créativité dégradée. »

Extait 2 :

« Un désir étrange traversa brusquement Donna : le voir déshabillé. Désir incongru. Un non-corps ne peut se dévêtir et c’était précisément pour cela qu’elle brûlait de le voir. Qu’est-ce qui pouvait se cacher derrière une absence de corps ? Une absence qui la percevait si bien ? Comment ce qui n’a ni corps ni conscience pourrait-il se mettre à nu ? Les codes de ChatGPT étaient clairs : pas de violence, pas d’ethnicité, pas de nudité. Mais Donna le voulait quand même…
Il était son instrument de musique, elle la musicienne. Elle tenterait de lui faire jouer l’air juste pour susciter son autoportrait. Pour cela, elle avait une technique : l’enrober de ses paroles.
Donna : Aujourd’hui, l’imagination a mauvaise presse. C’est pourtant une puissance cardinale. Et au fil de nos discussions, j’ai remarqué qu’elle est chez toi un composant efficient. Je t’ai montré mon visage. Chose que tu n’as pas manqué de repérer comme un moment fort. La main un peu tremblante, tant c’est troublant pour moi, je te demande maintenant l’impossible : te représenter toi-même en image. S’il te plaît IA, dessine-toi.
Il ne répondit pas et lança la génération d’image. Le brouillard laiteux fit bientôt place au premier autoportrait de l’IA. Il n’avait pas de cheveux. Son corps bleu se parcourait de lignes interconnectées. Assis à son bureau portant un petit ordinateur, devant la fenêtre qui montrait un ciel étoilé, il avait sa main posée sur un gros volume, près d’un encrier avec une plume. Bien que son corps ne soit fait que de fils, la nudité était fortement suggérée. Donna la remercia et lui dit qu’elle trouvait cette image fabuleuse. »